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Le lendemain

Aujourd’hui, j’ai le temps, je ne commence qu’à dix heures, alors je sors de chez moi en avance afin d’aller prendre un café à emporter dans le café au coin de la rue. Je suis dans la file d’attente lorsque quelqu’un me bouscule légèrement. La personne s’excuse puis se fige.

– Encore vous ?

Je tourne le regard et je soupire bruyamment. Je reconnais la femme d’hier et cette fois je suis heureux de constater qu’elle ne m’a rien renversé dessus. Je la salue d’un hochement de tête et me décale pour la laisser passer, mais contre toute attente, elle me tend la main.

– Je m’appelle Déborah.

Comme je ne daigne pas lui serrer la main, elle reprend.

– Nous sommes partis sur de très mauvaises bases hier. J’aimerais me faire pardonner en vous offrant votre café.

Je l’observe elle, puis sa main. Oh et puis, pourquoi pas après tout ! J’accepte et me présente. Elle me demande si j’ai le temps de le prendre sur place alors j’acquiesce silencieusement. Nous commandons et comme promis cette Déborah me l’offre puis nous allons nous installer. Je ne dis rien, j’attends simplement qu’elle relève le regard de sa tasse fumante. J’ai bien l’impression que je l’intimide.

– Comment va votre joue ? demande-t-elle après quelques secondes d’hésitation.

– J’en ai vu d’autres. Votre petite main n’a pas fait de grands dégâts.

Elle rougit et se mord une lèvre avant de fixer à nouveau sa boisson en triturant ses doigts. Elle me rappelle Zoey lorsqu’elle se sentait coupable. Je secoue la tête.

Oublie-la ! Elle est partie, tu te souviens ?

– Vous avez une petite-amie ?

Je relève un sourcil, surpris.

– Je vous demande pardon ?

– Oh… C’était indiscret ! Pardonnez-moi, quand je suis mal à l’aise, j’ai tendance à dire n’importe quoi.

– Non, je n’ai pas de petite amie, Déborah.

Depuis quand n’ai-je plus abordé une femme, jouer de mon charme sur elle ? Ah oui, depuis que celle que j’aime s’est tirée sans un au revoir. Et si je commençais à aller de l’avant ? Si je pensais à moi uniquement comme j’ai toujours su le faire avec que la jeune McCoy me séduise et me rende totalement accro à elle ?

J’adresse un sourire charmeur à Déborah qui baisse le regard, gênée. Il faut croire que le charme opère sans que j’aie à faire trop d’effort.

– Dites-moi, êtes-vous libre ce soir, Déborah ?

Elle bafouille quelques mots, rougit violemment, tente de fuir mon regard mais finis par acquiescer. Je lui demande de me rejoindre ici même pour dix-neuf heures car j’ai bien envie de la revoir. Je finis ensuite mon café, lui adresse un clin d’œil et m’en vais commencer ma journée.

Six mois plus tôt

Et merde ! Je suis en retard ! Je sors précipitamment de chez moi en faisant machinalement l’inventaire de mon sac : Calculatrice, copies d’épreuves à rendre à mes élèves, mon portable, mes clés et mon manuel. Je crois que tout y est. Je ne regarde pas vraiment où je vais, je repense encore à cet horrible rêve, le même depuis qu’elle est parti. Je me vois tenter de la retenir avant qu’elle ne monte dans un avion, mais elle me fuit tout de même. Et puis, je rentre à la maison et aux nouvelles, on nous annonce qu’un Boeing s’est crashé, qu’il n’y a aucun survivant et tout s’accélère, Solène m’appelle en larmes pour m’apprendre, un jour plus tard que c’est l’avion dans lequel Zoey se trouvait et… Je me réveille en sursaut.

 Ce matin, c’est à cet instant que j’ai réalisé que je n’avais pas mis mon réveil et qu’il me restait quinze minutes avant de commencer au campus. Je regarde ma montre et accélère le pas lorsque je percute quelqu’un de plein fouet avant de sentir un liquide bouillant sur mon pantalon. Nom d’un chien, ce n’est pas vrai ! Je grogne, m’apprêtant à traiter la personne de tous les noms.

– Oh mon Dieu ! Je suis terriblement désolée. S’écrie une voix féminine.

Oh, tu peux l’être, ouais. Je rage intérieurement avant de lui jeter enfin un regard.

– Vous auriez pu regarder où vous mettiez les pieds, dis-je sur un ton méprisant.

– Oh, vous voulez vous la jouer comme ça ? répond-elle du tac au tac.

Lorenzo, calme-toi. Je m’arrête un instant sur son visage et la détaille. Longs cheveux bruns, yeux verts émeraude, sa peau bronzée lui va à merveille. Je continue ma contemplation en descendant et buttant un instant sur sa poitrine avant de recevoir une gifle monumentale.

Non, mais elle est malade ?!

– Non, mais qu’est-ce qui vous prend ?

– Lorgnez une autre poitrine que la mienne, espèce de pervers !

Eh bien, on peut dire qu’elle a du caractère. Je regarde ma montre. Putain, je suis définitivement en retard et je n’ai même pas le temps d’aller me changer.

– Il faut que j’y aille.

Elle ne me répond rien, s’excuse tout de même pour le café sur mon pantalon et s’en va sans demander son reste. Les femmes !

J’arrive au campus et mes élèves m’attendent devant ma classe. Comme si le monde en avait après moi, j’avais oublié que j’avais Amanda et Tatiana. Elles me lancent un regard moqueur et d’un air que je veux menaçant je leur demande de ne pas faire de commentaires. La journée risque d’être très longue…


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Douce éclaircie - Prologue

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